À Madagascar, Patrick Raharimanana a été jugé coupable d’interception de données informatiques et de diffusion de documents mettant en péril la sécurité nationale. Il est reproché au blogueur d’avoir partagé sur Facebook le programme présidentiel lors d’une tournée controversée d’Andry Rajoelina en mai dernier.
Figure publique très suivie sur les réseaux sociaux à Madagascar, Patrick Raharimanana, qui anime une page d’informations nationales, a été condamné le mardi 17 septembre à cinq ans de prison avec sursis, ainsi qu’à une amende de 2 millions d’ariary (environ 400 euros). Le tribunal d’Anosy l’a accusé d’avoir publié le 15 mai l’agenda d’Andry Rajoelina, alors que ce dernier entamait une tournée dont la légalité était contestée.
Ce jour-là, dans la commune rurale de Manandriana, une visite du président était prévue. À la demande d’un commissaire de police local, chargé par la présidence de mobiliser la population, Raharimanana a diffusé l’agenda sur Facebook, comptant sur sa notoriété pour faire connaître l’événement.
Cependant, le blogueur, dont la page Facebook est suivie par près de 600 000 personnes, a été sommé de retirer la publication. Il a été arrêté et placé en garde à vue le lendemain. « J’ai été retenu pendant huit jours, transféré sans explications ni documents, ce que je considère comme une séquestration par l’État », a-t-il confié à RFI.
Accusé d’« interception de données informatiques » et de « publication de documents compromettant la sécurité nationale », Raharimanana avait publié le programme présidentiel au moment où celui-ci effectuait une tournée contestée, en pleine campagne législative. Cette période exigeant une stricte neutralité présidentielle, l’action a soulevé des critiques. Après la condamnation, ses avocats ont immédiatement fait appel.