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160 morts à Solhan: comment le Burkina Faso en est arrivé là

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Solhan, petit village du nord du Burkina Faso, a été le théâtre dans la nuit de vendredi à samedi d’une des attaques les plus meurtrières depuis le début du conflit au Sahel il y a neuf ans.

160 personnes, dont une vingtaine d’enfants, y ont été tuées en quelques heures par des présumés jihadistes. Epargné jusqu’en 2015 par ces groupes jihadistes qui sévissaient déjà chez ses voisins, Mali et Niger, le Burkina Faso semble incapable d’y réagir en dépit de promesses répétées.

Quel est le contexte dans la zone de Solhan?

Le nord du Burkina Faso, comme une large partie du Mali et l’ouest du Niger, est une vaste région rurale peu habitée. Souvent enclavées, avec peu d’accès à l’éducation et aux services sociaux de base, les populations – dont de nombreux nomades pastoaraux – sont parmi les plus pauvres du monde.

Sur ce terreau fertile où les Etats centraux n’ont que peu d’emprise, différents groupes jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda, un autre à l’organisation Etat islamique (EI), ont essaimé. La province de Yagha, où est situé le village de Solhan, est une zone d’action du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) et de l’EI. Rivaux, ils combattent pour le contrôle des territoires.

La zone était depuis plusieurs mois quasiment désertée par les forces de sécurité. Un détachement militaire est bien présent à Sebba, à une vingtaine de km de Solhan, mais n’est intervenu que plusieurs heures après l’attaque. Sans revendication, il était impossible lundi de savoir qui de l’EI ou d’Al-Qaïda avait mené l’attaque.

Quels sont les acteurs du conflit au Burkina?

L’armée, peu formée et peu équipée, est retranchée dans des camps souvent installés dans la proche périphérie des centres urbains. Totalement dépassée depuis 2015, elle n’arrive pas à faire face. Fin 2019, Ouagadougou a officialisé la mise en place de groupes locaux d’autodéfense, supplétifs civils de l’armée, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). C’est face au « sous-effectif » de l’armée que le président Roch Marc Christian Kaboré a « autorisé l’enrôlement » de VDP, selon le chercheur burlinabè Drissa Traoré.

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Mais, comme au Mali voisin où l’Etat a officieusement soutenu plusieurs milices, l’essor de ce groupe paramilitaire a entraîné des représailles contre les civils, premières victimes du conflit sahélien. Ils sont visés par les VDP et/ou l’armée quand ils sont soupconnés de soutenir les jihadistes, et par ces derniers quand ils sont accusés d’être proches des autorités.

Des militaires étrangers, français de l’opération Barkhane et tchadiens de la force régionale du G5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Burkina, Mali et Niger), opèrent également dans le nord du Burkina où des opérations conjointes sont organisées.

Les jihadistes, sous bannière Al-Qaïda ou EI, s’en prennent majoritairement aux représentations de l’Etat, militaires et fonctionnaires, et aux populations civiles accusées de les soutenir. Des mines artisanales sont souvent posées en amont du passage de véhicules militaires.

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D’abord minoritaires et regroupés dans un seul groupe (Ansarul Islam, proche d’Al-Qaïda, installé sur la frontière malienne) en 2015, les jihadistes n’ont cessé d’étendre leur influence depuis. L’extrême porosité des frontières avec le Niger et le Mali, dans la zone dite des « trois frontières » près de laquelle se trouve Solhan, a amplifié le phénomène.

Pourquoi l’Etat n’arrive pas à endiguer l’expansion jihadiste?

Comme au Niger, les autorités burkinabè ont longtemps rejeté la faute sur le voisin malien. Niamey et Ouagadougou affirmaient encore début 2021 que les jihadistes du Sahel étaient Maliens et faisaient des razzias sur leurs territoires respectifs.

Une réponse sécuritaire a d’abord été privilégiée. Le président Kaboré a ensuite ouvert la porte à un retour de jihadistes s’ils déposaient les armes, notamment dans la région de Djibo (nord), mi-2020. Un ministère de la Réconciliation a été fondé début 2021.

En interne, des doutes sur la capacité de l’Etat à répondre, ont fissuré la relation entre politiques et militaires. « Comment comprendre qu’alors que le pays enregistre l’attaque la plus meurtrière depuis six ans sans qu’aucun conseil de défense, aucune réunion de crise n’a été convoquée? », interroge Drissa Traoré. « Il y a comme un malaise ambiant au sein de la grande muette qui ne favorise pas l’union sacrée, surtout dans la lutte antijihadiste », dit-il.

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